lundi, novembre 21, 2005

Banqueroute !


Je me souviens de ce jeu. C’était le soir, vers dix-neuf heures. Sur l’autre chaîne, y’ avait les infos régionales. Mais nous, on regardait toujours la une. Mon père s’installait sur le canapé et ouvrait son journal, qu’il repliait d’ailleurs presque aussitôt et qu’il posait sur ses genoux sans avoir lu la moindre ligne. Puis on prenait place à ses côtés. Je m’appuyais sur son épaule. Il sentait bon la journée de travail. On était tous là, en famille. Enfin, sauf ma mère. Souvent, à cette heure là, elle préparait la soupe, dans la cuisine. Alors nous, on GUEULAIT parce-que le mixeur, ça faisait des parasites sur l’écran. Enfin le jeu commençait. C’était animé par un ancien prof de clarinette, qui arrivait toujours sur le plateau en courant. Il ne s’est jamais vautré, enfin je ne crois pas. Y’avait aussi trois candidats, qui avaient eu la chance d’être sélectionnés. Ils s’appelaient presque tout le temps Gérard ou Chantal. Des fois y’avait des Claude, mais pas souvent. Ils portaient toujours des vieux costumes gris et des cravates, ou, pour les femmes, des robes bleues avec de grandes boucles d’oreille. Des vrais gens, quoi. Comme nous. Bien moches, la plupart du temps. Une fois, y’a même eu un Noir. Il a rien gagné.

Le but du jeu, c’était de retrouver une phrase, inscrite sur un mur, mais dont les mots étaient masqués. Les candidats devaient proposer des lettres, et, s’ils tombaient juste, si la lettre annoncée faisait partit de la phrase, ils pouvaient tourner une roue multicolore pour déterminer le montant de leurs gains. Une jolie dame avec beaucoup de rouge à lèvre et des cheveux gras faisait alors apparaître sur un mur les lettres demandées. La somme gagnée était multipliée par le nombre de lettres retournées. Des fois, y’en a qui gaspillaient leurs chances en demandant des lettres qui avaient déjà été jouées. Alors nous, on GUEULAIT « putain, pas le T ! le T y’en a pas ! Ils l’ont déjà dit ! Il est con, celui-là MERDE ! »

Y’en a qui gagnaient beaucoup d’argent. Mais attention ! ils n’avaient pas le droit de repartir avec. Ils devaient obligatoirement l’utiliser pour acheter des cadeaux.
Cependant, les cadeaux, ils ne les achetaient pas n’importe où. Non, non, non ! Y’avait un manège, avec plein d’objets dessus. Un peu comme une foire aux greniers, ou aussi comme dans l’émission de Pierre Bellemarre. Sauf que là, c’était pas Pierre Bellemarre. C’était un ancien prof de clarinette, je l’ai déjà dit. Sur ce manège on y trouvait des vélos, des cafetières, des téléviseurs, des magnétoscopes, des sèche-linges, des chaînes stéréo, etc, etc… Plein de chouettes objets que nous on avait pas à la maison parce-que ça coûtait trop cher. Alors on s’imaginait que c’était nous qui disposions de l’argent, et on choisissait nos cadeaux. Mais on les a jamais reçus.

Des fois, le type gagnait une petite somme. Il ne pouvait donc pas acheter beaucoup de cadeaux. Et ce con, avec sa petite somme, il choisissait un cadeau pourri. Il regardait le manège qui tournait doucement. On voyait le beau vélo, le lot de cassettes avec des chouettes films de Belmondo, le baladeur qui permettait de capter aussi la radio. Et le mec, il s’en foutait de tout ça. Il choisissait une lithographie. Une simple lithographie. Alors nous on GUEULAIT. On disait « Putain, pas la litho ! PAS LA LITHO ! Pourquoi y prend pas le magnétoscope ce con ? On s’en fout d’la litho ! QUEL CON !»
C’est vrai, quoi ! On en aurait bien eu besoin, nous, du magnétoscope.
Greenspirit.

mercredi, novembre 16, 2005

Un monde parfait.


Il se pourrait que tout le monde s’en foute, mais à l’heure où la France affiche au grand jour la triste mais néanmoins réelle faillite de son système social, le gouvernement, lui, réfléchit à un moyen de retenir les patrons sur le territoire national, en mettant en place notamment un réforme de l’ISF.

Depuis trois semaines, le monde observe d’un oeil amusé le spectacle d’un hexagone en proie aux flammes. Ca sent l’essence du côté de chez Rousseau, qu’on dirait. Et il se dit, le monde, que cet arrogant pays, si moraliste, n’a en fin de compte rien à apprendre aux démocraties anglo-saxonnes, dont il a pourtant si souvent dénoncé le manque d’humanisme.

En effet, si l’ultra-libéralisme à la Blair ou à la Bush est générateur de misère autant que de richesse, le soit-disant système « à la française » a aussi ses exclus. Et le pire, c’est que tout le monde s’en tape, car LA MAJORITE y trouve son compte. Alors c’est quoi, le système « à la française » ? C’est un système où, en haut, se trouvent un petit nombre de nantis, au milieu, une grande majorité d’actifs gagnant tout juste de quoi se payer une xantia d’occase et un pavillon à la campagne, et en bas, dix pour cent d’inutiles (productivement parlant) que l’Etat prend en charge en leur donnant le minimum : de quoi manger et se payer un portable avec Clara Morgane en fond d’écran.

Dans ce système, les gens d’en haut et les gens du milieu sont contents d’être à leurs places. Ils font donc en sorte, à chaque élection, de reconduire le système. Ils assurent ainsi continuellement la pérennité de cette situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucun gouvernement de gauche comme de droite n’a voulu s’y attaquer depuis les « trente glorieuses ».

Mais aujourd’hui, les dix pour cent du bas tapent du pied, sautent en rond, comme des grenouilles dans un ruisseau. Ils sortent dans la rue exprimer leur ras-le-bol en balançant des boules de pétanque volées dans la tronche des honnêtes travailleurs. Ils donnent tellement de boulot aux flics et aux pompiers, que du coup, par manque de personnel, ces derniers se retrouvent incapables d’appliquer les trente-cinq heures.

Que se passe t-il après ? Et bien les gens du haut et les gens du milieu, effrayés, courent se cacher derrière leur nouveau pote, Nicolas Sarkozy, qui sait comment s’y prendre avec la racaille. Il sermonne les gens du bas, on laisse passer l’orage, deux ou trois semaines, puis tout rentre dans l’ordre. « Ca vous fait peut-être du bien de vous défouler, mais bon, faut pas déconner, on a un métier, nous ! Puis c’est bientôt Noël, alors merde ! » Du coup les dix pour cent regagnent leurs tours de béton et laissent tomber, jusqu’à la prochaine fois.

En épilogue le gouvernement s’empresse d’aller fabriquer une loi pour que les patrons soient moins taxés. Et cette loi sera votée, car c’est une loi qui après tout n’engage pas de grands bouleversements du système. Les gens d’en haut et les gens du milieu continueront de poser leurs culs de capitalistes bienheureux sur les dix pour cent du bas. C’est pour ça que tout le monde s’en fout, que les patrons payent moins d’impôts.

greenspirit.

dimanche, novembre 13, 2005

Buffet campagnard

Il se pourrait que tout le monde s’en foute, mais à l’heure où le gouvernement met en place une politique efficace en matière de lutte contre les problèmes de stationnement en banlieue, une femme mène, elle, un vrai combat.
En effet, on a pu voir dernièrement Marie-George Buffet agiter sa faucille et son marteau devant une (petite) foule de sympathisants communistes, à qui elle expliquait que trop, c’était trop, ça ne pouvait plus durer, le gouvernement devait cesser sa grande braderie. Ce qui la rendait verte, la rouge, c’est que l’électricité sorte du domaine exclusivement public. Ca c’est intolérable. Et elle y allait de ses propositions pour tenter de résister au grand loup ultra-libéraliste qui menace à court terme de dévorer l’Etat tout entier, plus les os. Bravo !
Seulement, elles arrivent un peu tard, les propositions. Car rappelons-le, c’est sous un certain gouvernement Jospin qu’a été lancé le programme de privatisation de plusieurs services publics. Et dans ce gouvernement, il y avait une quinca aux allures de prof d’histoire qui s’appelait… Buffet.
Alors, aussi digne et juste soit le combat, encore faut-il le mener au bon moment. Si les descendants des agités d’Octobre croient encore pouvoir changer le monde, ou tout au moins ralentir sa chute vertigineuse dans les abîmes de l’inhumanisme, qu’ils le fassent quand ils sont au pouvoir. C’est pas en se rassemblant une fois par an autour d’un stand de merguez qu’ils risquent de changer le cours de l’Histoire. Et c’est pas non plus en distribuant des autocollants sur les marchés qu’ils vont obtenir les meilleurs résultats.
Finalement, c’est peut-être pour cela que tout le monde s’en fout de ce qu’elle raconte, madame Buffet campagnard.

jeudi, novembre 10, 2005

De l'origine de la guerre civile en France

C’est l’histoire d’un petit ministre de l’Intérieur avec des grandes oreilles, toujours trépignant d’impatience, escorté par son habituelle nuée d’adorateurs journaleux. Un soir, le 25 octobre dernier, il se rendit dans une citée, à Argenteuil.
Engoncé dans un couloir d’immeuble, il fut reçu par des insultes, des crachats et des tirs d’œufs pourris. Interloqué dans un premier, mais soucieux d’appliquer ses belles leçons que sont coach en communication lui avait données, il a prit l’un des micros qui se tendit langoureusement vers lui : « Euh…On ne m’empêchera pas de venir ici si je le veux. Ce n’est tout de même pas une zone de non droit ici que je sache ».
Puis, se tournant vers des habitants de la cité agglutinés autour de la nuée de journaleux, il poursuivit : « Et vous, hein, vous avez peur de cette racaille ?… Hein, je vais vous débarrasser, moi, de cette racaille ! ».
Les micros, obnubilés par le charisme ensorcelant de leur petit ministre, n’ont pas enregistré la réponse de la population. Ils n’ont pas entendu cette femme, qui lançait depuis sa fenêtre : « Cette racaille, comme vous dites, ce sont nos propres enfants ! ». Elle aurait pu ajouter, cette pauvre mère de famille effondrée par les violences du tout petit ministre : « Nos enfants, que vous avez rejetés au fonds de leurs ghettos, que vous avez diabolisés, montré du doigt. Vous avez tout fait pour couper les ponts qui leur permettaient de rejoindre votre monde, Monsieur le tout petit ministre. Et vous vous étonnez qu’ils se soient construits un monde à eux, un monde en dehors de vos lois ? ».
C’est ainsi que la guerre civile a commencé en France….

Tapie tape ici.. et là Akhenaton balance à propos des banlieues

Dans la cacophonie qui s’est emparée des médias à propos des banlieues depuis quelques jours, face à des médias qui attisent le feu , 2 réactions intéressantes cette semaine, sur un sujet somme toute brûlant (gloups) :

Celle d’Akhenaton tout d’abord. Le leader du groupe IAM a reproché aux médias, et notamment aux télés, de passer leur temps, chaque soir, à faire le décompte de voitures brûlées, et il a comparé çà à un « concours de bite » : « Quand des gamins d’une cité, qui sont survoltés, entendent au journal de 20 heures que tant de bagnoles ont cramées la veille dans la cité voisine, donc adverse, alors faut pas s’étonner que le soir même ils cherchent à améliorer le chiffre et à brûler encore plus de voitures. »

Et puis, notre Nanard national, qui fut en son temps une racaille, mais qui vient d’être remboursé allègrement par la justice, et qui du coup revient en politique, a donné une interview au Parisien ce matin. Il a toujours la même grande gueule et c’est toujours aussi jouissif. Extraits :


Que vous inspirent ces nuits d'émeutes ?


Bernard Tapie: "C'est triste, regrettable et prévisible. AUjourd'hui, il y a un problème urgent : rétablir l'ordre républicain. Ensuite, il faudra traiter les problèmes de fond."

Pourquoi était-ce « prévisible » ?

"Installez vous dans ces quartiers pendant deux semaines en vous mettant dans la peau d’un jeune qui vit là-bas. Imaginez aussi que votre père soit au chômage depuis des années. Quand vous irez à une soirée, on vous demandera vos papiers dix fois en vous invitant à rester dans votre cité. Ensuite, mettez vous à la place d’un flic qui travaille dans le commissariat. Là, vous vous ferez insulter toute la nuit par des gamins. A la fin, vous aurez l’impression que la France est responsable de tout çà."

Qui porte la responsabilité de cet échec ?


"Le système est dans l’impasse. Cà fait 40 ans que l’on confond intégration et assimilation. On avait une bonne expérience de l’assimilation par les Polonais, les Italiens, les maghrébins d’Algérie qui, par les mariages, adoptaient les us et coutumes de la France. A l’époque, il y avait tellement d’emplois que le délit de faciès n’existait pas. Aujourd’hui, ceux qui vivent dans les cités sont aussi pauvres que certains autres Français mais…avec en plus la gueule qui ne convient pas ! Le mec qui est bac + 5 avec une gueule d’arabe, il est cinq fois plus au chômage. Même s’il est de nationalité française."

samedi, novembre 05, 2005

Serge Dassault allume le feu dans les banlieues

Voitures carbonisées, cocktail molotov, lancers de marteaux et tirs de balles sur la police. Des postes de police, des casernes de pompiers, des écoles, pris d'assaut. C'est la guerre civile dans les banlieues. Si si, la GUERRE CIVILE !
Dans le Figaro de ce matin, Ivan Roufiol prétend avoir tout compris : "Les émeutes en région parisienne ont des airs de guérilla palestinienne. Pourquoi feindre d'ignorer ce début d'Intifada?". !??!!! Du coup, si les jeunes des banlieues qui se révoltent sont tous des palestiniens, qui est-ce qui joue le rôle des Juifs? Les flics? Le gouvernement ? Les bobos salonnards bien-pensants?
Toujours dans le Figaro, une tribune amusante de Môssieu le Député Maire de Maison-Lafitte, dans les Yvelines, le dénommé Jacques Myard. Extraits : "Il faut regarder les choses en face. Il ne s'agit plus là d'une désespérance sociale mais d'une véritable guérilla urbaine de groupes communautarisés qui veulent imposer leur loi et leur haine primaire de la France. Va-t-on enfin prendre la mesure que ces jeunes, Français malgré eux, issus d'une immigration arabo-africaine, entendent garder leurs spécificités culturelles et religieuses? (...) Aujourd'hui, le cocktail entre la haine des Français et la culture du ghetto renfermé sur lui-même explose. (...). Ce qui est en cause, c'est le principe d'autorité qu'il faut rétablir. Pour cela, il faut adopter la méthode répressive avec fermeté : la double peine doit être rétablie et appliquée systématiquement. (...). Ensuite, tout étranger qui trouble l'ordre public doit savoir qu'il sera expulsé de France sur simple décision administrative du ministre de l'Intérieur." Rien que çà !! Et il finit son article en beauté, Monsieur le Maire, il a pas peur de dire les choses : " J'ose affirmer aujourd'hui qu'il est urgent de mettre en place des bataillons disciplinaires, qui allieront à une discipline militaire de fer l'effort physique et l'apprentissage d'un métier et de la citoyenneté."

Personnellement j’ai rien contre le Figaro. Sauf que ces messieurs Roufiol et Myard oublient un certain nombre de choses.
A commencer par leur propre boss, le propriétaire de ce chouette journal, Serge Dassault. Si tout çà se transforme en guérilla urbaine, alors il faudra bien prendre les armes, peut-être même s'attaquer aux banlieues avec des chars d'assaut, des bombardiers, des bazookas, etc. Et qui sait qui sera content, à ce moment là? Hein, qui ? Monsieur Dassault; sûrement !
Par ailleurs, tout le monde est pas mécontent de cette situation : les concessionnaires automobiles eux, se frottent les mains et jouissent dans leurs costards bon marché.
Les fabricants de poubelles publiques aussi sont contents. De nouveaux marchés s'offrent à eux !

Pour finir, même si c'est un peu égoïste, il ne faut pas oublier que cette situation est bien malheureuse pour nous, pauvres pêcheurs fumeurs de shit, parce que du coup les dealers sont un peu surmenés en ce moment à cause de tout çà.

vendredi, novembre 04, 2005

Bête en cours dans la jungle



J'ai vu Renaud,l'autre soir à la télé, défendre la cause d'Ingrid Bétancourt. Parait même qu'il lui a écrit une chanson. Voilà un mec qui s'engage, çà faisait plaisir à voir !
Alors je me suis dis, faudrait voir à l'aider cette pauvre Ingrid. Trois ans qu'elle est prisonnière en Colombie ! J'ai donc cherché sur le net des infos sur sa personne, histoire d'en connaitre un peu plus.
Bah, elle a un site perso : www.ingridbetancourt.com. Si, si, çà existe. Même que sur la page d'accueil, on nous propose "d"envoyer un message à Ingrid Bétancourt pour la soutenir dans son engagement" !!!??!! Moi je savais pas qu'elle s'était engagée auprès des FARC, je croyais qu'elle avait été enlevée.
Plus loin, on nous annonce : "Chaque pensée, chaque encouragement, va droit au coeur d'Ingrid Betancourt. Continuez à lui exprimer sa solidarité"
C'est vrai qu'on l'imagine bien, au fond de sa jungle, en train de lire les messages que les internautes lui envoient, et s'empresser de leur répondre pour nous donner des nouvelles.
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