jeudi, juin 29, 2006

L'icône, la canne et la canicule


Il se pourrait que tout le monde s’en foute, mais cette fois ça y est, l’été est bien là. L’hominidé civilisé s’agite si singulièrement qu’on ne peut s’y tromper. On voit des retraités ruraux et arthritiques se casser le dos à tailler des pieds de tomates, des chefs de famille périurbains et socialistes s’évertuer à allumer des barbecues tout-en-pierre-de-chez-casto afin d’y griller quelques brochettes de porc, des trentenaires citadins et raybanisés se commander des cafés en terrasse et faire semblant de lire le Monde pour draguer des étudiantes hyperhormonées, et même des ministres débarquer à l’Elysée en chemisette Gucci sans avoir pris la peine de nouer une cravate. Tous ces comportements amènent à une conclusion et à une seule: ça va pas tarder à sentir le monoï sur l’autoroute A10.

En tout cas, y’en a qui semblent déjà en congé, ce sont les responsables de la programmation à la télévision. Ah, les bonnes vieilles rediffusions des vacances ! Les bons vieux best of ! Cette semaine, ils n’ont rien trouvé de mieux que de repasser la scène où Jacques Chirac raconte qu’il faut accorder toute sa confiance au gouvernement de Dominique de Villepin. D’accord, c’est toujours aussi drôle, l’humour est efficace, mais ça manque tout de même d’originalité : ils l’avaient déjà passée il y a deux mois. En plus, ça ce voit que c’est une bande son, et que Chirac il est empaillé.

D’autres encore préparent activement cet été qui pointe le bout de sa canicule : Les légataires universels de Dieu installés à Lourdes achèvent les préparatifs de début de saison. Ces marchands du temple inscrits à l’urssaf s’apprêtent à passer au tamis à pognon les flots jaunâtres de touristes octogénaires et incontinents qui vont bientôt se déverser dans la ville.

Chaque année en effet, dès les premières chaleurs, des légions entières de fidèles en bas varice, tous sursitaires du jugement dernier, surgissent en faisant grincer leurs déambulateurs et leurs prothèses dans les rues de la cité pyrénéenne. Des milliers de candidats au miracle sans tiers payant qui viennent frapper à la porte de la vierge Marie dans l’espoir d’une bonne grâce, mais qui dans le meilleur des cas repartent avec un rhume, à cause des courants d’air dans la grotte. Pourtant ils y mettent du cœur à se traîner pieusement devant cette curiosité géologique. Mais le miracle, il est pour ces professionnels de l’importation spécialistes des objets fabriqués en Chine, et pour le petit Mouloud, qui a inventé le chichi frit dans de l’huile bénite, et qu’il vend deux euros pièce. C’est à eux que le ciel sourit surtout.
Mais heureusement, il y aura toujours un scout boutonneux ou un bénévole dépressif du secours populaire pour leur tendre un verre d’eau fraîche à ces vieux, leur faire prendre leur dose de Lansoyl et porter leurs sacs pleins de vierges Marie en plâtre et d’assiettes souvenir avec photo de la grotte incrustée. C’est pour cela qu’il faut garder espoir.

greenspirit

mercredi, juin 28, 2006

les crampons, la bicyclette et le canapé


Il se pourrait que tout le monde s'en foute, mais, pendant que des politiciens illuminés, transits de haine, pètent les plombs en direct à l’assemblée, sous l’oeil endormi de quelques dépressifs qui avaient survécu à Derrick et qui n’avaient rien de mieux à faire que de regarder les « questions au gouvernement », en plein après-midi, sur France 3, alors qu’il fait 30 degrés dehors et que les plages regorgent de superbes spécimens d’homo sapiens femelles qui ne demandent qu’à connaître ce que c’est que l’amour, le vrai, celui qui dure dix minutes derrière une dune, pendant ce temps donc, les citoyens honnêtes font exploser le marché des téléviseurs écran plat pour pouvoir suivre peinards les pérégrinations de leur équipe nationale, à laquelle ils vouent un culte idiot depuis ce jour de 98 où un mec d’origine difficile a envoyé une balle par deux fois au fond des filets, empêchant ainsi tout un peuple de danser la samba trois jours durant. Ils croient encore, ces abonnés au gaz bien enfoncés dans leur fauteuil But couvert de tâches de gras et de bière, à cette magie des Bleus. Zinédine tout puissant, qui êtes aux cieux, que votre volonté soit la pleine lucarne ! Dans leurs yeux imbibés, l’auréole bleue flotte encore sur le foot de la patrie, et l’étoile d’or cousue sur la poitrine de leurs idoles reste la preuve qu’ils sont les maîtres du monde. Ils se shootent à la mauvaise foi et à l’autosuggestion, se gavent de confiance aveugle, et manquent de s’étouffer à la cacahuète à chaque nouvelle débâcle. En cause à chaque fois, l’arbitrage évidemment. Comment ça le jeu des français ? ils sont parfaits ! Ils sont champions du monde, quand même ! Tu vois, l’ami, le peuple est à l’image de ses dirigeants. Quand on a eu le pouvoir un temps, c’est difficile de raccrocher. Les branlées au Portugal et en Corée n’y ont rien changé, tout comme le non à la constitution et l’affaire clearstream n’ont ébranlé le narcissisme napoléonien du clan villepino-chiraquien. Heureusement, juillet arrive, qui permettra au contribuable déçu mais fidèle d’amortir sa télé en encourageant les valeureux héros du tour de France, filmés douze heures par jour, et ce un mois durant, à tenter de se frayer un passage sur des cols de montagne étroits peuplés de touristes en tongs assis sur des glacières et armés de cornes de brume à air comprimé. C’est pour ça qu’il faut garder espoir !
greenspirit.
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