Un monde parfait.

Il se pourrait que tout le monde s’en foute, mais à l’heure où la France affiche au grand jour la triste mais néanmoins réelle faillite de son système social, le gouvernement, lui, réfléchit à un moyen de retenir les patrons sur le territoire national, en mettant en place notamment un réforme de l’ISF.
Depuis trois semaines, le monde observe d’un oeil amusé le spectacle d’un hexagone en proie aux flammes. Ca sent l’essence du côté de chez Rousseau, qu’on dirait. Et il se dit, le monde, que cet arrogant pays, si moraliste, n’a en fin de compte rien à apprendre aux démocraties anglo-saxonnes, dont il a pourtant si souvent dénoncé le manque d’humanisme.
En effet, si l’ultra-libéralisme à la Blair ou à la Bush est générateur de misère autant que de richesse, le soit-disant système « à la française » a aussi ses exclus. Et le pire, c’est que tout le monde s’en tape, car LA MAJORITE y trouve son compte. Alors c’est quoi, le système « à la française » ? C’est un système où, en haut, se trouvent un petit nombre de nantis, au milieu, une grande majorité d’actifs gagnant tout juste de quoi se payer une xantia d’occase et un pavillon à la campagne, et en bas, dix pour cent d’inutiles (productivement parlant) que l’Etat prend en charge en leur donnant le minimum : de quoi manger et se payer un portable avec Clara Morgane en fond d’écran.
Dans ce système, les gens d’en haut et les gens du milieu sont contents d’être à leurs places. Ils font donc en sorte, à chaque élection, de reconduire le système. Ils assurent ainsi continuellement la pérennité de cette situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucun gouvernement de gauche comme de droite n’a voulu s’y attaquer depuis les « trente glorieuses ».
Mais aujourd’hui, les dix pour cent du bas tapent du pied, sautent en rond, comme des grenouilles dans un ruisseau. Ils sortent dans la rue exprimer leur ras-le-bol en balançant des boules de pétanque volées dans la tronche des honnêtes travailleurs. Ils donnent tellement de boulot aux flics et aux pompiers, que du coup, par manque de personnel, ces derniers se retrouvent incapables d’appliquer les trente-cinq heures.
Que se passe t-il après ? Et bien les gens du haut et les gens du milieu, effrayés, courent se cacher derrière leur nouveau pote, Nicolas Sarkozy, qui sait comment s’y prendre avec la racaille. Il sermonne les gens du bas, on laisse passer l’orage, deux ou trois semaines, puis tout rentre dans l’ordre. « Ca vous fait peut-être du bien de vous défouler, mais bon, faut pas déconner, on a un métier, nous ! Puis c’est bientôt Noël, alors merde ! » Du coup les dix pour cent regagnent leurs tours de béton et laissent tomber, jusqu’à la prochaine fois.
En épilogue le gouvernement s’empresse d’aller fabriquer une loi pour que les patrons soient moins taxés. Et cette loi sera votée, car c’est une loi qui après tout n’engage pas de grands bouleversements du système. Les gens d’en haut et les gens du milieu continueront de poser leurs culs de capitalistes bienheureux sur les dix pour cent du bas. C’est pour ça que tout le monde s’en fout, que les patrons payent moins d’impôts.
greenspirit.
1 Comments:
sans oublier que ces émeutes permettent d'oublier le conflit de la RTM, la défaite du referendum, le vote du bddget 2006 ...
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