vendredi, février 10, 2006

Dictateurs des âmes


Un jour, il y a vraiment très longtemps, en Afrique, un homme invente la marche. Parce que le Kenya commence à être trop petit pour loger tout le monde, son idée est vite adoptée. Forts de cette technique permettant de se déplacer à près de cinq kilomètres par heure, ce qui pour l’époque n’est déjà pas mal, lui et ses compagnons deviennent de grands nomades, des découvreurs de terres nouvelles. Commence alors une formidable ère d’émerveillement, période enchanteresse où la Terre a rencard avec les premiers hommes. Une Terre un peu volage, qui laisse découvrir ses formes sans aucune pudeur dès la première rencontre. Une sacrée époque. Tout le monde s’aime bien. Les seventies dès le paléolithique.

Mais une nuit, hélas, après un repas trop arrosé, ces pionniers farouches, ces explorateurs des premiers temps partis à la conquête de territoires encore inconnus, décident de se séparer. Après un long chemin parcouru ensemble, certains prennent la direction de l’Asie, d’autres préfèrent remonter l’Europe, d’autres enfin choisissent de s’établir encore plus à l’ouest, en passant par le nord.

N’ayant à l’époque ni téléphone portable ni Internet, encore moins la télévision, et se trouvant par ce fait dans l’impossibilité totale de communiquer, ces trois groupes connaissent alors des évolutions bien différentes. Toutefois, on observe de grandes similitudes sur certains points. Notamment et principalement sur le rapport à la mort. En effet, dans toutes les civilisations qui ont posé un jour leur cul sur cette vieille Terre, la mort a toujours été sujet de fascination. Des aztèques aux Egyptiens en passant par les Sumériens, les hommes ont toujours chié des rondins dans leur falzar devant la Macabre.

Pas étonnant alors qu’il n’y ait pas de culture où la religion n’ait pas fourré sa truffe illuminée. La religion, il faut la voir comme une sorte de Prozac spirituel, censé calmer les angoisses. Qu’elle soit monothéiste ou polythéiste, qu’elle soit dévouée à un astre, à un caillou ou à une espèce de créature incorporelle supérieure, la croyance a toujours été là, au coin d’une rue, pour rassurer, pour nous dire que la mort, c’est pas si grave, et que si l’on en bave sur cette Terre, faut pas s’en faire, on sera récompensé de l’autre côté. On peut bien être pauvre toute sa vie, on s’en fout, après on sera des seigneurs pour l’éternité. C’est con, mais ça réconforte et ça mange pas de pain.

Dès lors, il devient facile à quelques malins, grâce à ce miroir aux alouettes, de manipuler les peuples. Les égyptiens, par exemple, se foutaient de devoir construire des pyramides toute leur vie, en plein cagnard, sans pause syndicale. Ils pensaient qu’Osiris les récompenserait à la pesée des âmes, et qu’ils pourraient alors accéder au royaume des morts. La religion devient la caution des dictatures. C’est ce qui s’appelle le pouvoir de droit divin. Et si c’est Dieu qui le veut, alors on peut pas trop gueuler.

Ainsi, les hommes ont toujours été manipulés par de grandes gueules arrivistes, avides de pouvoir, qui savaient jouer avec les peurs et les fantasmes. Les victimes d’un dangereux mélange entre politique et croyances de toutes sortes. Et en cinq mille ans, peu de choses ont changé dans ce domaine.

Aujourd’hui, humiliée par un Occident qui lui dégueule ses pizzas-hut à la face, toute une partie du monde trouve refuge auprès d’Allah, qui promet tout un tas de conneries. Enfin, c’est pas vraiment Allah qui promet tout ça, les mille vierges et tout, c’est plutôt quelques hallucinés bien burnés qui savent y faire avec les foules frustrées. Et quand un peuple connaît la misère, il est près à croire n’importe quoi. Il devient encore plus facile de transformer la religion en instrument de contrôle des masses. On observe d’ailleurs, dans tout le Proche-Orient, une montée sensible de l’islamisme. Les baratineurs barbus font un carton en Palestine, en Iran, en Syrie. Les frères musulmans occupent de plus en plus de place en Egypte.

Les foules, chauffées à blanc par ces orateurs aboyant leurs délires, dans un grand élan panurgique, s’empressent de crier au scandale dès que l’on touche à leur prophète. Des millions d’hommes et de femmes près à prendre les armes pour des dessins représentant un type mort depuis mille quatre cent ans. Quelle noble cause ! C’est vrai qu’il n’y a pas plus urgent !
Tiens ! Au fait ! Mille quatre cent ans, c’est à peu près l’âge qu’avaient les deux bouddhas géants de Bâmiyân. Vous savez, ces deux idoles de pierre dynamitées par les Talibans, ces princes de l’intolérance qui disaient avoir tout compris à la religion islamiste. Foutre en l’air à grands coups de TNT des statuts vieilles de plusieurs siècles, c’est pas plus grave qu’un coup de crayon, ça ? Faut-il aussi brûler les églises chrétiennes, les temples hindous, les synagogues, sous prétexte que ces bâtisses ne sont pas dévouées à Mahomet ? Moi, je ne suis pas contre l’idée de brûler tout ça, mais certainement pas sous ce prétexte fallacieux.

Quand est-ce que les peuples comprendront que tout n’est que manipulation ? Les religieux, il faut leur chier dans les bottes. Il y a mille raisons pour avoir envie d’étrangler l’Occident. Mais, de grâce, pas pour des questions d’ordre religieux. Toutes ces croyances sont bidon. Réveillez-vous, tas de culs. Vous êtes poussés vers la haine et l’intolérance un peu plus chaque jour, et vous vous mettez à genoux en baissant la tête.
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