lundi, février 20, 2006

Dessein d'Occident


On ne doit pas dessiner le Prophète Mahomet. Je le sais, c’est lui même qui l’a dit. C’est que çà doit être vrai. Pourtant, on a pas le droit d’interdire aux caricaturistes de le dessiner. Je le sais, c’est Captain Val qui l’a dit. C’est que çà doit être vrai. L’affaire est assez simple : d’un côté, un journal danois de bonne vieille droite, sous un gouvernement bien conservateur, organise un concours de caricatures du Prophète, histoire de taquiner les musulmans. Tout le monde s’en contrefout. Quatre mois plus tard, des barbus s’excitent un peu partout aux quatres coins de la planète, au nom de l’offense faite à Allah. Et c’est là que notre héros Captain Val, intervient, suivi par son cortège de botteurs de cul de curé asseptisés au coca. La liberté d’expression était menacée par les sales obscurantistes intégristes islamistes. Captain Val allait nous sauver. Il a eu le courage de dénoncer les risques d’atteinte à la liberté d’expression, annonçant qu’il va résister en publiant les caricatures du Prophète dans son journal. Résister ? Courage ? Cà relève plutôt du cynisme ou du mauvais gout. Pour au moins deux raisons :

1/ Tout d’abord, il flotte dans notre ère déjà polluée autant que notre air une désolante atmosphère du « deux poids deux mesures ». On invoque nos chères « Lumières » pour défendre la liberté d’expression, mais encore une fois on éclaire qu’un seul côté de la route. Les islamistes, et les musulmans en général ? Vont pas nous emmerder avec leur Dieu à la con. Obscurantisme ! Les Juifs ont des pratiques plus que douteuses à l’égard des Palestiniens ? Pas touche. Sharon est un pacificateur. Je le sais, c’est Captain Val qui me l’a dit dans Charlie. Les Juifs, eux, le peuple élu, ce sont les victimes. Edgard Morin, Daniel Mermet, Dieudonné en furent pour leurs frais quand ils ont voulu critiquer. On peut se moquer de l’Islam et stigmatiser les musulmans autant qu’on veut, c’est même recommandé, c’est un signe de bonne santé de notre « liberté d’expression », et les Lumières sont là pour éclairer la route. Par contre, les Juifs, Israël, la Torah, on ne peut pas. Chut ! L’antisémitisme n’est pas un avis. C’est un délit. Toujours au nom des Lumières.

2/ Par ailleurs, cette affaire de caricature dépasse largement le petit cadre existentiel de notre Captain Val. Cette caricature qui représente Mahomet avec une bombe dans le turban rappelle d’autres bombes. Celle que les Riquains ont balancés sur la gueule des Japonais n 1945. Au nom de la liberté. Celles que les même riquains balancent depuis 3 ans sur l’Irak. Au nom de la liberté. Celle que les « grandes puissances » veulent interdire aux Iraniens, sous prétexte qu’elles l’ont déjà, elles. Au nom de quoi ? de la liberté !
En réalité, tout cela est significatif de ce que risque d’être le choc des civilisations.
Partout, on voudrait que les peuples s’ abreuvent de coca, s’étouffent de Macmerde, croulent sous l’abondance et les cadeaux, les libertés individelles et la musique formatée, dévorent CNN ou TF1 et consomment de manière effrénée des objets inutiles pour la plupart. Partout, on voudrait que les peuples répondent à ce même mot d’ordre : achetez, achetez, achetez ! Pas d’argent ? Achetez quand même, consommez, on vous fera des crédits à la consommation.
Pourtant, ce modèle occidental de surconsommation ne fait pas que des adeptes. Un peu partout, des poches de résistance apparaissent, et des peuples refusent de gober la bile occidentale qu’on leur dégueule sur la tronche à coup de dollars.
Ce que ces peuples refusent, c’est d’une part l’insuffisance de nos modèles démocratiques (inégalités, dureté sociale, ultra-libéralisme, individualisme effréné, con-sommation, etc.) et d’autre part un côté impérialiste et teigneux. Comme si l’Occident, la démocratie libérale, les droits de l’homme (les fameuses Lumières) étaient devenues, avec la fin de la guerre froide, l’aboutissement de l’aventure humaine vers lequel toutes les civilisations devraient tendre. L’Occident s’est transformé en avant-garde assermentée et éclairée ( les Lumières, toujours) du capitalisme mondialisé. On voudrait que Dieu soit mort, laissant la place aux Lumières.
Du coup, la modernité occidentale, portée aux nues par les laïcards et autre bouffeurs de curés et de vieilles dames aux cheveux violets, provoque une gerbe existentielle chez de plus en plus de peuples. Ces peuples là sont diabolisés, négligés, combattus. La démocratie ? On l’impose aux irakiens à coup de bombes et de chars d’assauts. Des peuples qui refusent la démocratie libérale ? On les suppose manipulés par les imams intégristes, par l’obscurantisme, par les terroristes.
Evidemment, les seuls obscurantistes sont les religieux, ces vilains manipulateurs de populace inculte et sous-développée.
Pourtant, la plupart des systèmes répressifs, dictatoriaux ou totalitaires ont trouvé leur concept en dehors de la religion.
C’est au nom de la Lumière que les Républicains s’en sont allé éclairé les bonnes consciences indigènes à coup de pieds dans cul au 19eme siècle. Allah était loin. C’est au nom de la Nation et de la Race que la Nazisme a fait des millions de morts. Allah était loin. C’est au nom du Peuple que la Stalinisme en a fait encore plus. Allah était encore plus loin. C’est au nom de la Patrie qu’on a eu Pétain en 1940. Allah était loin. C’est au nom de leur droit irrévocable à être des victimes que les Juifs ont viré les Palestiniens de leurs terre. Allah était loin ( euh disons que là, il était pas très loin, il était dans le camp juste en face).
Et pendant ce temps là, il court, il court, notre héros national, le Captain Val, et se transforme en bon petit soldat des valeurs occidentales, s’en allant chier sa haine sur la gueule de tous les religieux. Sauf les Juifs. On touche pas aux victimes, je vous l'ai déjà dis, c'est un délit, pas un avis.
Southspirit.
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