jeudi, octobre 12, 2006

faut-il introduire l'oreillette en politique ?


Ah, les animateurs télé ! Quelle institution ! Cinquante ans de rapports étroits et paternels avec le peuple, au point qu'aujourd'hui, ils seraient prêts à disputer le pouvoir aux professionels de la politique. Petite anthologie pas vraiment exhaustive de ces vedettes cathodiques aux ambitions multiples :

Au début, y'avait Michel Drucker. Années soixante. Commentait les buts de Raymond Koppa pour l' ORTF. Y'avait environ deux mille foyers en France suffisamment équipés pour distinguer la couleur de sa cravate, mais c'était déjà l'ami de toutes les familles. Il avait de l'allure, disaient les ménagères, même en noir et blanc. Il vénérait Alain Perrefitte et ne tutoyait pas de Gaulle, mais gardait une liberté de ton totale... en matière de football.

Viennent ensuite les années soixante-dix. Les femmes sont libérées. Même Simone Garnier, à qui on donne un micro aussi gros qu'une barbapapa pour interviewer Claude François. Première femme après Bardot à entrer dans l'imaginaire sexuel de millions de prolos, elle introduit la mixité à la télé en partageant l'antenne unique avec Michel Drucker, pionnier de la cravate verte.

Plus tard, y'a eu Mourousi, dans les années quatre-vingt. Un mec qu'en avait, Mourousi. Un peu le Belmondo du vingt heures. Un journaliste rebelle, un héros de l'information, un révolutionnaire de plateau, dont le plus grand acte de dissidence fut de présenter le journal avec un blouson de cuir et une voix de clochard. Puis y'avait Michel Drucker, en cravate bleue, qui recevait des invités ivres morts peu amènes avec les billets de banque et dont la caractéristique principale était qu'ils tenaient absolument à enculer Witney Houston. Ces soirs là, la France se divisait. D'un côté ceux que ça faisait marrer, de l'autre ceux qui détestaient aux armes et caetera.

Ensuite, dans les années quatre-vingt-dix, est arrivé Thierry Beccaro, très naturel, mais naturellement con. Un type dont l'évolution de carrière tient uniquement dans le fait qu'à Motus, on soit passé de mots de cinq lettres à des mots de sept lettres. Promotion professionnelle exemplaire ! Animateur qui se veut drôle aujourd'hui encore, mais de mémoire, jamais aucun candidat n'a ri, ni même souri, à aucune de ses blagues. Assurement le meilleur candidat au ministère de la bouffonnerie. Et y'avait, bien-sûr, Michel Drucker. Cravate rouge. Star 90. En raison d'une mort constante et définitive, Gainsbourg n'était plus invité. Il fut remplacé par Jack Lang, moins bourré mais également moins drôle.

Enfin, aujourd'hui, y'a Serge Moatï. Un mec avec une tronche à la Jean Yann et un corps à la Carlos, payé pour recevoir des penseurs et des écrivains tout en affichant envers eux un détachement clairement explicite : Il n'en a rien à foutre de rien, ni de leurs pensées ni de leurs bouquins. Capable de discuter avec n'importe quel expert, n'importe quel professeur, chercheur, ministre ou poète, sans montrer le moindre intérêt humain. Rien à foutre. Autant de désinvolture dans ses interviews que de sauce pimentée dans un chawarma pita. Peut-être l'animateur le plus avachi de l'histoire de la télé. Trop fainéant pour avoir des ambitions politiques.
Y'a aussi Nicolas Hulot. Globe-trotteur officiel du paf, aussi à l'aise avec un chef Papoue qu'avec un paysan Mongol, il a la curieuse manie de refuser de présenter ses émissions s'il n'est pas suspendu au bout d'une corde à plus de quatre mille mètres d'altitude. Très attaché au respect de l'environnement, au point d'évoquer sa candidature aux présidentielles. Grimpe cependant plus facilement dans les séquoias amazoniens que dans les sondages. Ne s'est toujours pas décidé à se séparer de son 4x4, mais promet, s'il est élu, de généraliser l'usage du deltaplane pour les voyages officiels. Prétend se mettre à la barre du bateau France alors qu'il n'a jamais piloté autre chose qu'un zodiac. Peu de chances d'être porté au pouvoir.
Puis, évidemment, y'a Michel Drucker, cravate grise. Il coanime désormais ses émissions avec Bernadette Chirac au moins une fois par mois. Tutoie Nicolas Sarkozy et Johnny Halliday. Peut-être, en fin de compte, le meilleur candidat à la présidentielle. A condition de renoncer à ses scandaleuses cravates.

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